Alors que finit la vente de
« Pour aimer vraiment un tableau, il faut le posséder… »
Comme si l’appréciation voire l’appropriation d’une œuvre d’art se confondait avec sa propriété...
Cette phrase, d'un niveau de réflexion proche de zéro et oublieuse de tous les écrits salvateurs de Bourdieu, par exemple, sur le rapport aux œuvres d'art, est néanmoins révélatrice d’une époque. Une époque où on explique que ne pas posséder une Roleix à 50 ans, c’est avoir raté sa vie. Une époque où on voudrait exclure des joies de l’art ceux qui n’ont jamais envisagé d’acquérir une œuvre.
Comme si deux classes sociales (et qu’on arrête de dire qu’elles n’existent plus...) devenaient radicalement hermétiques l’une à l’autre, sans aucun code ou valeur en commun. Si cette expression n’avait pas été souillée, on pourrait dire que la fracture sociale s’aggrave. Non plus entre les bourgeois et les misérables. Mais entre les nantis déconnectés (bonus, Roleix, yacht, collection personnelle d’œuvres d’art inestimables) et tous les autres.
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